Pourquoi un Obélisque à Naurouze?
Marquant l’entrée dans le
Languedoc, les pierres naturelles de Naurouze sont porteuses de nombreuses
légendes dont celles de Pierre-Paul Riquet y concevant le système
d’alimentation en eaux du futur canal de jonction des deux mers, résolvant
ainsi la difficulté qui entravait ce projet depuis des siècles.
Entre 1825 et 1827, elles
vont devenir le socle d’un des monuments glorifiant le concepteur de cette voie
d’eau des plus utiles au développement économique de la Région Sud Ouest,
favorisant commerce et irrigation.
Sous la Révolution,
le « Canal Royal de Languedoc », inauguré en 1681, avait
été rebaptisé « Canal du Midi » et son
administration remaniée en faveur d’actionnaires. Le Comte Riquet de Caraman, parti en exil, était privé des 22/28éme de parts héritées et de sa fonction
d’administrateur. Les Riquet de Bonrepos
encaissaient les revenus de 6/28ème de parts sans être associés à la
gouvernance.
A la
Restauration, en avril 1814, le Roi Louis XVIII permet aux familles émigrées de
récupérer les biens séquestrés en 1792.En 1817, les Riquet de Caraman sont en possession de 175 actions et
intègrent les instances de gouvernance du Canal où ils ont encore de solides
liens avec les employés.
En avril 1823, la branche de Riquet de Bonrepos obtient
la création de 292 actions
supplémentaires qui permettent leur intégration à la « Compagnie du Canal
du Midi », gestionnaire de l’ouvrage.
Dans le même temps, les
Riquet ont entrepris une campagne de glorification de leur aïeul.
Frontispice de L’histoire du canal par les descendants de
Riquet, 1805
(Toulouse, archives des
Canaux du Midi, Voies Navigables de France)
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En 1804, un descendant de
François Andréossy, l’ingénieur de Riquet, lui conteste la paternité de la
conception et de la réalisation du Canal.
En 1805, ils écrivent un
ouvrage qui fonde en partie la légende de Riquet.
Et en 1824, ils associent
aussi leurs efforts pour faire ériger un monument qu’ils commanditent à
l’ingénieur Jean-Polycarpe Maguès, alors
très investi au service de la Compagnie du Canal
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Les pierres de Naurouze sont
le lieu idéal pour ce projet car ce promontoire, connu et vu de tous, est situé
sur le site symbolique de la jonction système alimentaire / canal de
navigation, « où les eaues se
despartent prenant leur chemin devers Thoulouse & devers
Carcassonne. »
Le programme
architectural est établi sur le terrain est cédé gratuitement par Melle d’Ormières de Lastouzeilles :
- les pierres ceintes d’une muraille circulaire de 50m de diamètre avec une seule entrée
- une allée plantée d’arbres et un jeu d’escaliers pour monter par paliers successifs
- un piédestal surmonté de bas reliefs et inscriptions concernant l’histoire du canal
- un poste de gardien pour la visite et l’entretien
- une colonne de 20m supportant la statue de Riquet : on retrouve le personnage du frontispice, carte à la main, qui signifie par l’écartement de ses bras, le partage des eaux.
«…..réunis
sur le sol natal après les orages de la révolution, les descendants de Riquet
crurent enfin devoir réaliser le vœu qu’ils avait formé depuis si longtemps et
qui jusqu’alors était resté sans exécution » Comte de Caraman.
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t Esquisse de la statue de Riquet |
Etude du promontoire par J.P Maguès, vers 1824 (Toulouse, archives des Canaux du Midi, Voies Navigables
de France)
En 1825, de retour d un
congé d’études en Grande-Bretagne, accompagné du marquis d’Avessens, (descendant
de Riquet, branche de Bonrepos), il modifie son projet en faveur d’un obélisque,
probablement inspiré du monument, croqué à Dublin, érigé à la gloire du Duc de
Wellington et de ses victoires dont la bataille de Toulouse (avril 1814).
Aujourd’hui, on peut lire sur
la face ouest de l’Obélisque, gravé dans le marbre : au centre « A Pierre-Paul de Riquet » et précisé en bas à droite «érigé sous la direction de JP Maguès et la
surveillance d’A. Lespinasse ». Sur la face est, une plaque de
cuivre cite les descendants contributeurs des deux branches.
NB : la suspension des
hostilités mettant fin à la guerre d’Espagne aurait été signée entre des
officiers du Maréchal Soult et du Duc de Wellington, le 18 avril 1814 dans la
maison de l’Ingénieur de la subdivision de Naurouze, Auguste Lespinasse,
attenante aux moulins.
Pour plus de détails, le
monument se visite aux Journées Européennes du patrimoine avec des animateurs
de l’association Patrimoine et Culture de Montferrand.
Texte rédigé par Annie
Spark, le 4 décembre 2015.
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