Vue aérienne de Naurouze. Studio Bouchard Castelnaudary |
Projeté depuis l’Antiquité mais jamais réalisé, le Canal
Royal des Deux mers, voit le jour sous le
règne de Louis XIV lors d’une période de paix et de moyens financiers
importants.
C’est le fermier des gabelles Pierre- Paul Riquet qui durant
les 20 dernières années de sa vie, va mettre en œuvre son génie visionnaire
pour ouvrir cette nouvelle voie commerciale de Toulouse à Sète. En joignant
l’Atlantique à la Méditerranée, elle évite aux navires de contourner la
péninsule ibérique, où taxes et dangers abondent.
Au point le plus haut du tracé (189m), situé sur la ligne de
partage des eaux, à proximité des légendaires Pierres de Naurouze marquant
l’entrée dans la Languedoc, il faut créer une amenée d’eau constante pour
alimenter les deux versants du Canal par effet de cascade. Riquet invente pour
cela un ouvrage alimentation original :
* une Rigole au flanc de la Montagne Noire pour collecter
l’eau ses torrents
* un barrage à Saint Férréol pour la stocker
* une Rigole serpentant dans la Plaine lauragaise pour
l’amener au point de partage
* un port servant de distributeur final à Naurouze.
Juste avant la retenue octogonale, il ménage 2 chutes d’eau
pour 2 moulins à blé, mis en fermage. Il y acolle le logement et le jardin de
l’Ingénieur de Naurouze. Ce fonctionnaire est chargé de veiller sur cette
« clef de voûte » de l’alimentation assurant le bon fonctionnement de
l’ensemble du Canal Royal des Deux mers.
A partir de cet ouvrage de distribution, le Canal va peu
à peu être mis en œuvre. Les travaux
commencent en 1667 et le Canal est inaugurée en 1681. Vers 1715, Vauban y
apporte des modifications dont l’abandon du bassin de Naurouze qui sera
réemployé en pépinière d’arbres. Cette nouvelle voie de communication modifie
profondément le développement économique des Etats du Languedoc. Amenant
également des possibilités d’irrigation, le Lauragais, au sol difficile et aux
vents brûlants, devient rapidement une zone céréalière.
Carte de Naurouze et ses environs,
1825.
© Archives du Canal du Midi, Voies naviguables de France.
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Carte de Naurouze et ses environs,
1825. © Archives du Canal du Midi, Voies naviguables de France.
Le
plus grand des moulins de Naurouze se développe en Minoterie autour de 1820,
sous l’impulsion de ses fermiers successifs. Au fil du développement de
l’activité, ils investissent dans des
mécanismes permettant un grand rendement, mus par des turbines. Ils ajoutent
progressivement un logement pour l’usinier, un hangar à charrette, des silos,
font viabiliser l’allée menant à l’écluse de l’Océan.Ils enrichissent le
domaine d'un parc aux arbres majestueux et d'un jardin à la française.
En 1934, les changements de modalités d’administration du
Canal amènent une vente de l’ensemble du domaine au minotier Joseph Marty et
l’affaire est exploitée de père en fils jusqu’en 1986. Le petit moulin disparaîtra
dans ce processus. A cette date, l’activité est abandonnée suite au décès du
minotier et aux mutations profondes du commerce de la céréale désormais
mondialisé.
Les bâtiments sont cédés à un marchand de biens qui les
laissera aux mains des pilleurs pendant 11 ans. En 1997, Andrew et Annie Spark
deviennent propriétaires sur un coup de cœur pour un ensemble ensemble
patrimonial de 2 600m2 en péril et en entreprennent. la réhabilitation. A cette
époque, il a été répertorié dans "Le patrimoine industriel de
l'Aude" de Michel Wiénin (Inventaire DRAC).
Vue aérienne du domaine de la Minoterie |
Suite au classement du Canal et ses Rigoles au Patrimoine Mondial par l’Unesco, pour répondre aux besoins des touristes et randonneurs (cyclistes, pèlerins), ils créent des structures d’accueil touristique (buvette/boutique, gîte d’étape, maison et table d’hôtes) qu’ils exploitent pendant 12 ans.
A partir de 2010, l’accueil s'est orienté préférentiellement vers
les chambres d'hôtes pour faire émerger en juillet 2015, la création d’un restaurant convivial,
le Spark's, avec une cuisine à base de produits frais et de
saison, issus de circuits courts.
En parallèle, des partenariats ont été noués avec le prêt d’espaces de travail dans la minoterie pour
l’accueil de projets culturels. D'autres pistes sont suivies: recherches documentaires aux
archives du Canal et avec la Fédération des Moulins de France, mise en valeur des éléments de petit patrimoine du domaine
(jardins à la française, puits, lavoir, vestiges de la meunerie), évaluation
du potentiel de production hydroélectrique des turbines encore en place....
Afin de retracer plus précisément son histoire, nous recherchons des témoignages oraux ou écrits, des documents
iconographiques, des objets en lien avec la vie de l'usine comme ce sac
de jute, devenu décoration dans un cottage anglais!
Votre aide est la bienvenue dans cette collecte de mémoire.
Crédit photo: David Gratton
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